Voici les séquences d’escalade complète, des cinq grandes-voies réalisées par Cédric Lachat et ses compagnons de cordée dans le projet colossal Swissway to Heaven. Nous avons souhaité vous livrer des sections de grimpe brute, sans montage ni musique, qui avaient été coupées au montage du film. Des sections de grimpe, faites par des grimpeurs pour les grimpeurs !
Enchaînement intégral de « WoGü » (8c+ / 5.14c – 350m) Rätikon
Interview de Cédric Lachat à propos de la voie « WoGü »
La Rätikon est tout simplement le massif le plus connu en Suisse pour l’escalade de grande-voie. C’est pour cela que je l’ai mis en dernier dans mon film, je voulais finir l’histoire avec le meilleur ! J’ai réalisé « WöGu », une ligne de 350 mètres en 8c+ accompagné de Nina Caprez, la grimpeuse locale et ma compagnon de cordée depuis plus de 20 ans.
Cette ligne a été équipée par le légendaire Beat Kammerlander dans un style assez engagé. C’était d’ailleurs compliqué de monter la corde au sommet lors de la première ascension. Sans traces de magnésie, avec des points très espacés, c’était très fatigant mentalement de prendre ces nombreuses chutes, parfois très grandes ! Après un long tournage de 15 jours dans cette voie, j’ai finalement réussi l’enchainement le dernier jour de notre trip, en seulement 4h. Nous avons dû partir tard dans la voie à cause du soleil, ce qui laissait peu de temps pour grimper. Je ne devais donc pas tomber et j’avais pratiquement pas le temps de prendre du repos entre les longueurs. Nina me suivait en remontant sur ma corde, pour gérer tout sans que je me fatigue, c’était un bel esprit d’équipe.
C’était inconcevable de tomber, ce qui rend l’enchainement particulièrement compliqué. En plus du manque de temps, la fatigue physique et mentale est vraiment grande dans une voie si dure, un seul essai aurait pu me faire rater tout l’enchainement de la voie. »
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Les scènes coupées de « Fly » (8c / 5.14b – 500m) Lauterbrunnen
Interview de Cédric à propos de la voie « Fly »
Je suis allé grimper « Fly » avec Tobias Suter pour le tournage de « Swissway To Heaven ». Pour moi cette voie avait moins sa place pour raconter l’Histoire de l’Escalade en Suisse. La voie ne se trouve pas dans une face mythique ou avec un passé chargé d’histoire… Par contre, je l’ai choisie car c’est la voie la plus difficile de Suisse après WöGu. Elle se situe dans la vallée de Lauterbrunnen, au milieu des cascades, des parapentistes, des hélicoptères et des BASE jumpers !
Ce mur de 500 mètres en 8c est tellement impressionnant et difficile à grimper… C’était pour moi un vrai challenge de s’attaquer à ce morceau de grimpe. Le problème de cette voie n’est pas de réaliser les longueurs une à une, mais de réussir un enchaînement en une seule journée. La face est orientée Ouest, le soleil vient taper sur le 8c à trois longueurs de la fin en plein milieu d’après-midi, ce qui le rend impossible à grimper à cause de la température. Lors de l’enchaînement, après avoir réalisé toutes les longueurs sans tomber, je chute dans cette longueur en glissant à cause du soleil. Nous avons alors attendu 4 heures avec Tobias, à rôtir sur notre portaledge pour que l’ombre arrive enfin et retenter un essai !
Après une si longue journée et autant de longueurs difficiles, ce n’était pas seulement un combat physique. C’était surtout un énorme combat mental pour enchaîner les dernières longueurs sans tomber. »
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Les scènes coupées de « Odyssee » (8a+ / 5.13c – 1400m) Eiger North Face
Interview de Cédric à propos de la voie « Odyssée »
Cette face est l’une des plus connues de Suisse pour l’alpinisme. C’est une des dernières grandes faces Nord à avoir été vaincue. Dans mon projet « Swissway To Heaven » je souhaitais vraiment raconter l’histoire de cette course à la première réalisation de la Face Nord de l’Eiger, lors de la Seconde Guerre Mondiale.
Je suis allé faire les images accompagné de Tobias Suter dans Odyssée. C’est ligne de 1400 mètres en 8a+ max est un mélange entre voie équipée et terrain d’aventure bien engagé. Nous avons pris la décision de tourner les images dans la première moitié du mur pour la réalisation du film et malheureusement la météo ne nous a pas laissé la chance de réaliser l’intégralité de la voie. Elle reste pour nous toujours invaincue…
L’escalade n’est pas forcément très difficile puisque que c’est du 8a+. Mais la difficulté est surtout le style engagé, sur protection naturelle dans la partie supérieure, avec un cheminement pas toujours évidement. Enfin, la météo est souvent capricieuse à l’Eiger, ce qui rend les créneaux d’escalade très courts pour une ascension sur deux jours. Une chose est certaine, cette face n’est pas seulement la plus impressionnante de Suisse, mais c’est surtout l’une des plus belles. »
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Les scènes coupées de « Zahir » (8b+ / 5.14a – 300m) Wendenstöcke
Interview de Cédric à propos de la voie « Zahir »
C’était pour moi un endroit un incontournable pour l’escalade de grande voie en Suisse. Avec une longue marche d’approche très raide de 2h et un style d’escalade souvent engagé, le chaine de montagne des Wendenstöcke est une falaise unique en son genre… Pour la réalisation de la voie « Zahir » j’ai demandé l’aide de mon ami et compagnon de cordée Fabien Dugit, secouriste au PGHM de Chamonix.
La plus grande difficulté de la voie est la troisième longueur en 8b+. Pour grimper cette longueur, il faut une bonne dose de résistance sur petites prises. Une chute dans l’enchainement est à proscrire, car chaque essai coûte beaucoup de peau et de fatigue mentale. La deuxième difficulté est l’engagement entre les points dans les longueurs suivantes. Dans la partie haute plus facile, on grimpe souvent avec 5 à 10m de vide entre chaque dégaine, ce qui rend le cheminement parfois compliqué pour des longueurs qui vont jusqu’à 7b. »
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Les scènes coupées de « Yeah Man » (8b+ / 5.14a – 300m) Gastlosen
Interview de Cédric Lachat à propos de « Yeah Man »
Yeah Man est une grande barre rocheuse située dans la chaine des Gastlosen, à la frontière entre Fribourg et Berne. C’est une escalade très technique sur petits prises qui demande de la précision de pied. La voie comporte plusieurs longueurs d’approche entre le 7c et 8a+ avant d’arriver à l’avant dernière longueur en 8b+. Il ne faut donc faire aucune erreur dans ces premières longueurs pour réussir à faire le 8b+ dans un état de forme correct. C’est une belle escalade sur du rocher compact avec des cotations soutenues.
Le jour de l’enchainement, j’avais de la marge dans le niveau pour grimper cette voie. Alors ce n’était pas trop difficile pour moi. Par contre, je n’avais pas vraiment travaillé la voie avant, car nous avons seulement fait des images pour le film. J’ai donc dû me concentrer énormément pour ne pas faire d’erreurs en grimpant. Une grande voie de 250 mètres en 8b+, c’est bien sûr physique car il ne faut rien lâcher jusqu’en haut. Mais tout cela se passe dans la tête. Grimper avec le mental est mon point fort !
J’étais vraiment content d’arriver au sommet, même si ce n’était pas une surprise de ouf... Je savais que j’allais réaliser cette voie alors c’était normal. Mais être au sommet de Gastlosen, qui est un des plus beaux massifs de grande-voie en Suisse, c’est vraiment magnifique alors c’est cela mon cadeau ! »
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