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Le film WoGü est en ligne ! Ce documentaire de 40 minutes illustre les coulisses du tournage que nous avons effectué au printemps 2020 sur le massif du Rätikon. Pour ma première apparition à l’écran, je vous dévoile avec mes compagnons de paroi, les dessous de la réalisation d’un film en grande-voie. C’était un tournage épique avec à la clef une réalisation en escalade hors du commun.

WoGü – le film complet

Voici le film WoGü avec Nina Caprez et Cédric Lachat, réalisé par Mathieu Rivoire (montage + musique). J’étais en charge de toute la production d’images, accompagné d’une solide équipe de caméramans et de photographes (Marc Daviet, 5 Elements Prod et Jérémy Bernard). Si vous avez déjà regardé Swissway to Heaven, c’est un très bon complément pour rentrer plus en détail dans les coulisses du film.

Escalade grande-voie au Rätikon

WoGü est une voie mythique du Rätikon, certainement une des grandes-voies les plus dures d’Europe (350 m, 8c max). La ligne traverse intégralement la paroi. Une ouverture visionnaire et engagée réalisée à l’époque (en 1997) par le célèbre grimpeur Beat Kammerlander (6c, 6c+, 8c, 7c+, 8b+, 8b, 8b+/c, 8a+, 7c+) en hommage à son ami Wolfgang Güllich (ie. « Wo-Gü »). La ligne est donc d’une extrême difficulté, avec pas moins de deux pas de blocs hasardeux dans les longueurs en 8c.

The wall of Rätikon moutains, in Switzerland ©Guillaume Broust

Le projet de film WoGü – Swissway to Heaven

Le projet de la voie WoGü est le cinquième et dernier opus du projet de Cédric Lachat nommé Swissway to Heaven, pour lequel j’ai réalisé un film documentaire sur l’histoire de l’escalade et l’équipement en Suisse. La partie spécifique à WoGü était donc considérée comme une partie « minime » dans le projet global de Swissway to Heaven. L’équipe a alors décidé de réaliser un deuxième film, qui est orchestré par Mathieu Rivoire (L’Illustroscope) et qui rentre beaucoup plus dans les détails du projet, mais aussi les coulisses de la réalisation d’un film en paroi et enfin l’histoire de Cédric Lachat et Nina Caprez en particulier. En effet, le couple désormais séparé entre dans l’histoire avec la trilogie des films de grimpe (après avoir signé Silbergeier et Orbayu).

WoGü - The team has a break on the ledge of the 8c. Nina Caprez, Marc Daviet & Cedric Lachat ©Guillaume Broust

Comment tourner un film en paroi

Pour réaliser un film et tourner des images dans ce genre de conditions, il faut évidemment connaître toutes les manips de cordes et les bonnes pratiques en grande-voie alpine. Au delà de se déplacer et être autonome sur corde statique, il faut également savoir filmer ou photographier les grimpeurs sous les meilleurs angles, anticiper les sections de grimpe, ne pas les gêner lors des enchaînements etc. Tout cela demande de l’expérience, une bonne connaissance du milieu et une petite acclimatation pour se sentir à l’aise, accroché à une corde de 8 millimètres à plus 300m du sol !

Guillaume Broust filming in WoGü ©Marc Daviet

La stratégie pour ce genre de chantier, c’est que les grimpeurs installent toutes les longueurs au préalable avec des cordes statiques. D’une part, pour pouvoir accéder facilement aux longueurs qu’ils souhaitent travailler. D’autre part, pour que les cadreurs puissent se déplacer facilement dans toute la face, et enfin pour des raisons de sécurité si besoin. Les 350m de la paroi sont donc intégralement équipés de cordes statiques le temps du projet. Cela nécessite quelques jours de préparation, avant de pouvoir mettre les doigts sur la première prise.

Ensuite, si on veut prendre des photos et des vidéos en même temps, il faut qu’il y ait deux personnes sur corde. Ce qui implique que les cadreurs installent eux-mêmes des parties en double sur certaines sections. Le tout prend donc beaucoup plus de temps que le simple fait de grimper, surtout quand il faut tourner des plans larges, des plans serrés, du drone, de la photo, de la vidéo etc.

Behind the scenes in WoGü - The film crew in action ©Jérémy Bernard

Éthique de l’escalade grande-voie

Il existe plusieurs moyens de faire une grande-voie extrême. Peu importe le niveau ou l’éthique, c’est surtout l’objectif que les grimpeurs se fixent à la base.

1 – La première est généralement de pouvoir libérer toutes les longueurs de manière intrinsèque (donc sur plusieurs mois ou années s’il le faut) dans le désordre le plus souvent.

2 – Une fois libérée et toutes les longueurs clef travaillées, le grimpeur essaye ensuite de l’enchainer depuis le bas, à la journée si possible.

3 – Là encore plusieurs écoles : Soit on grimpe en mode réversible, on est donc en moulinette sur la moitié de la voie, même si on garde le challenge de ne pas tomber.

4 – Soit on veut tout enchainer en tête et l’autre devient donc assureur pour la journée. Si le grimpeur tombe à la 5° longueur par contre, il redescend au relais pour réessayer (et non depuis tout en bas). Il tapera autant d’essais que nécessaire pour pouvoir poursuivre.

5 – La Voie Royale est lorsque le grimpeur enchaîne depuis le bas, à la journée, en tête et en ne tombant dans aucune longueur. Ce qui n’arrive pour ainsi dire jamais dans ce genre de grande-voie.

6 – Après, toutes sortes de fantaisies sont permises. Du Free Solo intégral, en passant par la solitaire en hivernal, ou sous la pluie etc. Bref, quand il s’agit de faire plus dur, l’humain a toujours de bonnes idées!

Guillaume Broust in rope access mode ©Marc Daviet

Cédric Lachat par la Voie Royale

WoGü avait été enchaînée auparavant seulement par Adam Ondra, Edu Marin et Roland Hemetzberger. Les conditions météo sont compliquées en Suisse. Le Rätikon est un massif à la frontière de l’Autriche situé sur une barrière climatique, autant vous dire que l’herbe est grasse et verte. La pluie tombe abondamment et les créneaux sont courts pour avoir les bonnes conditions. Il était convenu pour ce projet que Nina s’occupait de Cédric, à savoir l’assurer, remonter à la stat, lover la corde, porter le sac etc. Nina essayera quant à elle de libérer chaque longueur par la suite. Cédric a donc pu réussir l’exploit d’enchaîner WoGü depuis le bas et sans tomber! Et nous avons eu l’extraordinaire chance d’être là pour pouvoir film l’enchaînement intégral, ce qui est également très rare dans ce genre de projet.

 

Guillaume Broust filming Nina Caprez on the 7c pitch of WoGü ©Jérémy Bernard

L’équipe du film

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