Quelques semaines, quelques jours, quelques minutes, quelques secondes… qui resteront à jamais gravés dans ma mémoire. Voici l’histoire d’une expédition hors du temps. Une expédition au sens propre – au fin fond des montagnes reculées du Kirghizstan – comme au sens figuré – un projet qui aura mobilisé plus de deux ans de production. Flash Back.
2021. Thomas Delfino, pro rider et ambassadeur snowboard pour la marque Picture Organic Clothing me contacte pour réaliser un film documentaire de ski dans un pays lointain et inexploré. Une expédition de la trempe de Zabardast avec des accès compliqués, des faces raides jamais skiées et une météo plus qu’incertaine. Bref, un projet de grande ampleur. Pas mal de problèmes géo-politiques et une pandémie plus tard, nous partons au printemps 2022 pour le Kirghizstan en suivant les anciennes Routes de la Soie, sur les traces des premiers explorateurs du XII° siècle. L’idée est de rejoindre les montagnes reculées du Kokshaal-Too, dans la région du Tian Shan, à la frontière entre le Kirghizistan et la Chine. Là bas, tout au fond, se dresse le Kyzyl-Asker. Un sommet culminant à 5842 mètres, une gigantesque pyramide que Thomas rêve de pouvoir descendre à ski.

Chronoception : Bande Annonce du film
Voici la bande-annonce du film Chronoception. A la manière d’une fable contemporaine, orchestrée par des musiciens locaux qui créent cette histoire à trois temps, nous nous immergeons dans la culture Kirghize, peuple nomade, chamanique, aux rituels ancestraux qui nous font partager leur culture unique. Comme une ode à l’Aventure, celle que vivaient les premiers explorateurs qui peignaient à l’aquarelle dans leur carnet de voyages, la rencontre du Monde et de ses peuples.
Expédition au Kirghizistan
Une solide équipe est constituée. Thomas Delfino comme chef d’expédition. Aurélien Lardy en jeune skieur chamoniard, accro à la pente raide et à la glace noire. Léa Klaue, snowboardeuse du Valais-d’à-côté et courageusement seule fille à bord du Kamaz. Pour les guides de haute-montagne, nous nous entourons d’Hélias Millerioux, Himalayiste de renom et Piolet d’Or au Nuptse. Et enfin Jean-Yves Blutch Fredriksen, explorateur surdoué, pourfendeur de big walls et une des très rares personnes à avoir traversé l’Himalaya en autonomie totale avec son parapente, et de surcroît la seule personne avec un violon… Jérémy Bernard nous accompagnera en tant que photographe et Pierre Frechou aka La Frech en tant que cadreur supplémentaire, qui était déjà au Pakistan pour Zabardast.

Eagle Hunter – « Chronoception » Kyrgyzstan ©Jeremy-Bernard / PICTURE

When Kamaz get stuck – « Chronoception » Kyrgyzstan ©Jeremy-Bernard / PICTURE

Walking on the steppes – « Chronoception » Kyrgyzstan ©Jeremy-Bernard / PICTURE

Looking to Kyzyl Asker – « Chronoception » Kyrgyzstan ©Jeremy-Bernard / PICTURE

A Shaman in Ekynaryn – « Chronoception » Kyrgyzstan ©Jeremy-Bernard / PICTURE

Skiing toward Night Butterfly – « Chronoception » Kyrgyzstan ©Jeremy-Bernard / PICTURE
Mais qui dit expédition dit forcément aléas, sinon ce ne serait pas une expédition. Et nous plantons notre bus dans la boue, un vieux Kamaz à six roues motrices, à plus de 40 km de notre camp de base. C’est alors à pied que nous allons franchir ces immensités, rayées de rivières tumultueuses et bordées d’horizons infinis.

La note est donnée. Nous allons marcher.
Beaucoup. Beaucoup marcher.
Les distances sont longues, les sacs sont lourds. Les steppes kirghizes s’étendent devant nous, sans fin. Nous abandonnons notre objectif principal, forcés de constater que nous n’avons pas l’équipe pour réaliser ce genre de sommet. La production du film, les recharges de batteries, le poids des sacs est incompatible avec une expédition en style alpin. Heureusement, Thomas a plus d’un tour dans son sac à dos et nous nous dirigeons vers de superbes sommets qui se profilent dans les vallées adjacentes. Pyramida, Pony et Papillon de Nuit.

Chronoception, ou la perception du temps
Le rapport au temps varie selon les évènements. Le temps s’allonge lors du voyage, de la route, de la marche, des portages. Mais on tend à l’absorber dans son inconscient, à l’oublier. Il paraît infini dans les camps, sous la neige qui tombe, les montées pas à pas dans la pente, les cols qui se succèdent. Et puis d’un coup tout s’accélère. L’arrivée au sommet. Grisé par l’adrénaline, l’altitude, le stress. Le temps se détend lors de la préparation, on vérifie chaque détail.

Et puis on droppe. Et le temps se fige.

Réaliser un film en expédition
La gestion du matériel est un facteur important à prendre en compte en expédition, en plus de la sécurité du groupe, de la météo, de la nivologie et des attentes du côté sportif. Les sauvegardes des images doivent être faites régulièrement. Pour les camps avancés, nous prenons des panneaux solaires qui servent à recharger nos batteries de caméras et de drones. Le drone est clairement un facteur de stress pour l’équipe media (crash, perte du signal, perte des données etc.). Mais il l’est aussi pour les skieurs, car aux vues des distances, le drone ne peut voler que 5 minutes sur site et implique une sérieuse coordination durant les descentes. Par contre, l’histoire étant écrite à l’avance, il est plus simple de savoir où aller en termes de création artistique. Une fois l’expédition terminée, nous revenons à la civilisation après trois semaines seuls dans la montagne, et prenons le temps de partager la vie locale, les coutumes et les traditions. Nous avons la chance de pouvoir filmer des danseuses et des musiciens locaux, qui sera la clef de voûte du projet artistique.

Le temps semble aussi s’arrêter quand les musiciens jouent, comme dans une sorte de transe chamanique
Pour la partie storytelling, je souhaitais que l’Histoire soit racontée par l’allégorie du Temps. Une sorte de personnage incarné, une métaphore qui peint le film et le raconte au fur et à mesure du déroulé. Nous avons pu tourner ces scènes en studio avec une artiste locale qui s’est prêtée au jeu et nous a peint notre Histoire ! C’était un plaisir de pouvoir allier peinture, film, danse et musique dans un projet de cette ampleur.
Festivals de Films
Le film CHRONOCEPTION est projeté dans de nombreux festivals internationaux, entre Sept 2023 et Août 2024. Voici la liste complète des projections et festivals dans lequel le film est tourné (mise à jour régulière). Sous êtes un festival et que vous souhaitez sélectionner le film, merci de vous rendre sur la page Film Freeway.
CHRONOCEPTION fait également partie de la tournée mondiale du BANFF World Tour 2024, avec des dizaines de pays et des centaines de dates! Regardez les projections sur leur site, il y en a sûrement une pas loin de chez vous. La sortie officielle en ligne sur Youtube est prévue pour le 8 février 2024.

Behind the Scenes of the dancing segment – Chronoception_Kyrgyzstan_©Jeremy-Bernard

Guillaume & Blutch chilling at the High Camp – « Chronoception » ©Jeremy Bernard / PICTURE

The musicians playing for the soundtrack of the film « Chronoception » in Kyrgyzstan ©Guillaume Broust

Pierre Frechou heavy loaded – « Chronoception » ©Jeremy Bernard / PICTURE

Guillaume Broust at Base Camp – « Chronoception » Kyrgyzstan ©Jeremy-Bernard / PICTURE

Working with the Drone with the help of LaFrech, for « Chronoception » – Photo ©Jeremy Bernard / Picture

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